La chaire AgroTic de Montpellier SupAgro consacrait un séminaire au smartphone en agriculture ce 25 avril 2017. L’occasion de faire le bilan des usages sur le terrain, des attentes des agriculteurs et des perspectives.
« Les agriculteurs sont moins équipés en smartphone que le reste de la population, mais ils sont en train de rattraper leur retard très rapidement. Rien qu’entre 2015 et 2016, le taux d’équipement a progressé de 7 points, après une hausse de 12 points l’année précédente. » C’est sur ces chiffres encourageants que Nicolas Moreno du cabinet de consultants en numérique Idate a débuté son intervention lors du séminaire « Le smartphone en agriculture » organisé par la chaire AgroTic de Montpellier.
« Les agriculteurs préfèrent encore les solutions fixes (74 % sont équipés de PC contre 47 % pour la population française mais ils sont déjà 45 % à posséder un smartphone (contre 54 % pour l’ensemble de la population française) », complète le consultant.
L’aide au réglage des machines plébiscitée
La chaire AgroTic, dont La France Agricole est membre, a profité du séminaire pour dévoiler les résultats de son observatoire des usages du smartphone en agriculture. Sans surprise, la consultation de la météo, des cours et marché et des réseaux sociaux arrive en tête. Mais l’observatoire a aussi relevé une utilisation de plus en plus fréquente des applications de réglage des machines et dans une moindre mesure des solutions d’arpentage.
Mémoire des tours de plaine
L’appli, ce n’est pas la tasse de thé de Rémi Dumery. Ce céréalier du Loiret, bien connu des utilisateurs de Twitter et invité à témoigner au séminaire, reconnaît volontiers que l’application qu’il utilise le plus est la lampe torche, suivie par les solutions d’arpentage et de mesure. « Je vois le smartphone comme un outil de mémoire avec les deux capteurs essentiels que sont le GPS et l’appareil photo, affirme celui qui signe RemDumDum sur Twitter.
Je fais mes tours de plaine avec le smartphone en main et je prends des photos. Je me crée ainsi une bibliothèque d’images pour mémoriser ma campagne, avec pour chaque photo l’heure et le lieu de la prise qui s’enregistrent automatiquement. Pour moi, le smartphone n’est pas un bon outil de saisie. Je suis bien plus à l’aise sur mon clavier de PC pour retravailler les informations, dans le confort du bureau.
Avec l’appli d’arpentage par exemple, je récupère des fichiers. kml que je retravaille ensuite sur Google Earth. Même si je ne suis pas un grand utilisateur d’applications, j’utilise tout de même une solution pour peser du colza à partir d’une photo ou relever les insectes dans une culture. » Quand on lui demande de définir l’application agricole de ses rêves, Rémi imagine une solution pour enregistrer le maximum d’informations pendant le travail sans aucune saisie.
« Je n’ai jamais compris pourquoi on voulait faire saisir des informations de traçabilité aux agriculteurs pendant qu’ils sont en train de travailler », s’étonne le céréalier avant de pointer du doigt l’absence de réseau 3G/4G correct sur son secteur. Un problème qui, selon de nombreux participants du séminaire, est le réel frein au développement du smartphone en agriculture.