Jacques Fortin a écrit le mot HELP (au secours) avec du blé et son semoir sur un coup de colère. À travers cette action, il veut dénoncer la situation dans laquelle se trouve l’agriculture française et l’abandon des paysans à leur sort.
C’est le buzz agricole du moment sur Facebook et Twitter : l’image d’un champ de blé vu du ciel, dans lequel il est écrit HELP. Ce message, c’est Jacques Fortin, agriculteur à Athée-sur-Cher près de Tour (Indre-et-Loire), qui l’a écrit. Sur un coup de tête et de colère, il a pris son semoir et, sans GPS, il a écrit son appel au secours dans une parcelle de 5 ha. Il ne se doutait pas alors qu’il ferait la Une des médias quelques mois plus tard.
« Du sol on ne voit rien, mais un jour, un aviateur qui passait par là a envoyé la photo à un agriculteur du coin, explique Jacques Fortin. Ce voisin est venu me voir pour savoir si j’avais besoin d’un coup de main puisque j’avais écrit HELP dans mon champ », plaisante-t-il aujourd’hui. D’ici quelques semaines, le message disparaîtra, une fois le maïs semé.
« Une œuvre éphémère pour un coup de colère bien réel »
« J’étais un agriculteur qui avait une situation saine, s’emporte Jacques Fortin. Aujourd’hui j’ai dû mettre ma famille à la diète et faire des économies sur tout. » Il évoque les mauvaises récoltes de 2013, 2014 et 2016 mais aussi les prix bas de 2015 alors que les rendements étaient bons. « C’est une œuvre éphémère pour un coup de colère bien réel », répète-t-il.
« Une société qui n’est pas capable d’assurer la sécurité de ses paysans n’est pas une société responsable, lâche-t-il en évoquant des cas de suicide parmi ses voisins. Je ne crois plus aux politiques, poursuit-il. Il n’est plus temps pour les mots, il faut de l’action. » En revanche, Jacques a reçu de nombreux appels et messages d’agriculteurs qui le félicitent pour son initiative. « Ça fait du bien », avoue-t-il.
Le message est écrit au-dessous d’un couloir aérien
Dans le journal Le Parisien, Jacques Fortin précise que ce message, écrit sur une surface de cinq hectares, est un « SOS collectif adressé au nom de tous les agriculteurs ». Toujours dans le quotidien de l’Île-de-France, il explique : « Quand ils passent au-dessus, les avions de ligne commencent à descendre à Orly. Les passagers voient mon SOS. »