Après quelques semaines de désordre, la situation se régularise dans les linéaires de nos grandes surfaces… ouf ! Nous avons failli manquer de beurre, un produit où nous sommes le leader mondial en termes de consommation (8kg/hab/an) ! Et un produit en cours de réhabilitation médicale, qui plus est…

Au regard des pénuries des années 40, où la margarine était un substitut apprécié, ou bien des excédents record qui ont engorgé nos entrepôts frigorifiques des années 80 en dévorant allègrement le budget de la PAC (d’où les quotas laitiers en 1984), c’était quand même beaucoup de bruit pour pas grand-chose !

Le marché mondial du beurre présente une dynamique favorable ; la demande est tirée par celle des pays émergeants, créant des tensions sur les prix face à une production laitière qui croit, certes, mais avec un certain décalage. Ainsi, les prix ont plus que doublé : 2 500€ la tonne en avril 2016 et 6000€ en octobre 2017, une opportunité que nos industriels ne pouvaient manquer, face à la contractualisation annuelle des prix (en février) durement négociés avec nos quatre centrales d’achat qui, sur ces rayons phares, se livrent à une guerre des prix et de promos.

Finalement, une petite hausse de 10 à 15%, bien modeste par rapport à celle effectuée en Allemagne de 50 à 60%, semble avoir permis de surmonter la pénurie.

A l’évidence, nos éleveurs laitiers ne sont pour rien dans ce bras de fer, et ils l’ont fait savoir, à juste titre, aux consommateurs, de peur d’être désignés comme bouc émissaires…

La réalité, c’est que la production laitière a un peu fléchi en 2017 (-2%), en conséquence de la crise de l’an passé liée à des prix très bas (25-27centimes/litre) payés aux éleveurs par les industriels au cours mondiaux et à une récolte fourragère difficile liée à la sècheresse estivale de certaines zones laitières. Aujourd’hui, les prix se sont raffermis (33 centimes/litre) et globalement, la production européenne est en croissance, prête à répondre à la demande mondiale.

Pendant cette mini crise du beurre, le ministre de l’agriculture Stéphane Travert a estimé que cet évènement constituait une belle opportunité pour que les trois acteurs de la filière mettent en œuvre les principes d’organisation tels qu’ils ont été explicités lors de la première phase des travaux des Etats Généraux de l’Alimentation. Les OP par filière, avec la prise en compte des coûts de revient réalistes (incluant une rémunération « décente » des agriculteurs) devraient trouver les centimes par litre nécessaires à un équilibre durable (4 à 5 centimes/litre pour garantir les 38-40 centimes/litre) :

  • auprès des cinq majors de notre industrie sans vraiment troubler leurs capacités à figurer dans le top 25 des opérateurs mondiaux et à apporter les 4 milliards d’excédents pour notre balance commerciale, qui en a bien besoin
  • auprès des distributeurs dont les rayons produits laitiers constituent un point fort de leur offre, nonobstant les menaces auxquelles ils doivent faire face (circuits directs, vente par internet, …)
  • auprès des consommateurs qui, si il leur est garanti les bonnes pratiques et le bien-être animal, sont prêts à faire un effort sur les prix (des initiative en local le prouvent) !

Cela permettrait de passer d’une économie où les prix payés aux éleveurs sont la variable d’ajustement, à une économie qui respecte chacun des partenaires dans une transparence indispensable à la confiance.

 

 

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